Décidément la cité hutoise, nichée le long de la Meuse, a bien de joyaux cachés à découvrir ! Après le port de Corphalie, me voici à nouveau sous le ciel, toujours aussi bougon et morose, de Huy, ville accueillante par excellence, qui mélange harmonieusement riche patrimoine historique et vie moderne dynamique.
C’est sur un coup de tête qu’avec mon ami Pierre, infatigable dénicheur de saveurs, nous nous décidons à rendre visite à « La Locanda », établissement dont il ne cesse de parler ces dernières semaines, à un point tel que je me sens en pleine réincarnation canine Pavlovienne à chaque fois qu’il prononce « Locanda » ! (Smiley)
La Locanda est sise en partie dans le vieux Huy et en partie sur le boulevard principal de la ville, mais quel que soit la porte que vous choisirez, comme un Prince vous pourrez faire votre joyeuse entrée (Smiley) ! C’est d’ailleurs ce qu’il se passe puisque Simone, le Chef d’Orchestre de l’établissement, nous accueille à l’italienne, avec cœur, chaleur et hospitalité. Vous le savez tout comme moi, l’accueil à l’italienne peut être accompagné d’une énergie passionnée, surtout lorsque les Italiens parlent de leur culture, de leur cuisine, ou encore leurs traditions, ce fut le cas !
L’établissement est d’une classe certaine, et très simpliste à la fois. De bon goût, décoré élégamment, de belles grandes tables espacées pour une quarantaine de couverts, mais pas que puisque l’établissement se veut également être un Bar à Vin, et un magasin de produits italiens, une niche de produits de terroir où les petites exploitations sont mises à l’honneur. Mais bon, je parle, je parle… avec ou sans les mains, et j’oublie de passer à table !
Nous laissons Simone (prononcez Simônè) gérer la partie liquide de notre mangeaille de ce jour. Nous commençons la partie apéritive par un vin blanc sarde, un Quartomoro de Cagliari (capitale de la Sardaigne), une AOC de 2019 qui titre à 13%. Beaucoup de fraîcheur au nez et plutôt de la minéralité en bouche, parfait pour préparer nos palais au festival qui nous attend.
Découverte oblige, nous partagerons les entrées… Bruschette à la tomate fraîche, Bresaola typique, accompagné d’aubergine et de Pecorino de Sardaigne, et sardines marinées au basilic, accompagnées de céleri et de mini tomates farcies au thon légèrement vinaigré. On goûte immédiatement le fait maison et les produits sélectionnés avec goût et sapience. Je mets un bémol tout personnel sur les sardines, mais ce n’est qu’une question de goût car Pierre aura, lui, vite fait de les « lofter » (Smiley !) Nous accompagnerons ces entrées de rouge, d’un Tenuto dell’Ugolino rouge, Casal del Piano, Rosso Piceno, AOC de 2021 (13.5%) et d’un Ja’na Sannio, AOP, Aglianico, Vendemmia 2021 (13%). Tout est vraiment parfait, j’apprends par la même occasion que c’est « Mamma » qui cuisine… Mamma, en amour pour ses fils et pour la cuisine, il n’y a pas à dire, elle sait y faire, elle continue à faire revivre des recettes séculaires, la vraie cuisine de là-bas, simple et complexe à la fois, où les saveurs ne manquent jamais d’être au rendez-vous.
En plats, le plus simple possible… Pennoni al Ragú Napolitain, parmesan et basilic… cuisson ‘al dente’ parfaite, des pâtes qui savent se tenir, un ragout fait de trois viandes, à savoir du porc, du bœuf et du veau, ajoutez-y de la tomate et du basilic… e basta ! Va be cosi ! Mamma, tu es une magicienne ! Avant de partir, c’est promis, je te chanterai « Ti amo ! » Quant à Simone, le David Copperfield des flacons, il nous fait apparaître un autre Ja’na Sannio, mais cette fois un Aglianico Riserva, Vendemmia de 2016 (13.5%), on le mange autant qu’on le boit ! Que du bonheur !
Puis, après un délicieux café, un festival de Grappa… Allons-y dans l’ordre, une Luigi Francõli, Grappa Riserva du Piémont, 5 ans, un nez exceptionnel, du raisin sec, une pointe de chocolat, des agrumes orange et mandarine, une belle bouche, riche et généreuse, une grappa en plein ! Ensuite suivra une Barrique d’Autore de Luigi Francoli, un nez certes moins présent mais une bouche à tomber ! Et nous terminerons par une Riserva Nobles, une grappa vieillie en fûts de Vino Santo en provenance du Trentin, dans le Tyrol du sud. Vilain menteur que je suis… en fait, nous terminerons réellement cette fabuleuse dégustation par une autre grappa du Trentin, une « Amara » faite à base d’infusion d’aspérule, de baies de genévrier, de racines de gentiane et de rhubarbe, ainsi que d’herbes médicinales récoltées sur le Monte Bondone, on a la nette impression de boire du Génépi, cette plante de la famille des Armoises proche de la fameuse Absinthe. Un délice gourmand absolu !
Quel superbe repas, que de bons moments, que de belles rencontres, que de « Grazie Simone ! » et de « Vado matta per la tua cucina Mamma ! »