OSS 116 ¾ CONTRE EL HUSSEIN… OU CAFOUILLAGE CULINAIRE A LOUXOR !

Une fois n’est pas coutume, je vais vous conter une histoire d’agents secrets tellement secrets que même eux n’en savaient rien, mais « chut ! », c’est un secret… Il était une fois à Louxor, treize heures tapantes…

De retour d’un site archéologique, le Gourmandiseur (alias OSS 116 ¾) pousse la porte du restaurant « El Hussein », un établissement égyptien aussi discret qu’un agent double en smoking blanc. À ses côtés, sa flèche, Milton « Marc » Brabeck (un nom d’emprunt…), observe l’endroit d’un œil méfiant, flairant probablement déjà un coup fourré dans le lunch du jour.

Dès l’entrée, le ton est donné, le minuscule rez-de-chaussée est complet, occupé par probablement des barbouzes d’horizons divers, tout se passera donc à l’étage… une fois la volée de marches montées, nous découvrons un décor à l’européenne mais arabisant, entre restaurant et cafétéria improvisée où des garçons tentent désespérément de nous accueillir en formant le mot « Bienvenue » en hiéroglyphes approximatifs.

Le serveur arrive, tout de noir vêtu mais chaussé d’Adidas contrefaites… « Mrhbaan ‘ayuha alsaadatu, madha yumkinuni ‘an ‘akhdamakum ? » demande-t-il d’un ton faussement aimable…  Nous essayons de nous faire comprendre du mieux que l’on peut mais rien n’y fait, et bien que l’établissement soit blindé de touristes, personne ici ne parle anglais, et encore moins français.  Nous rendons les armes et finalement, nous choisirons deux menus à la carte et un peu au vogelpik, et advienne que pourra… Inch’Allah !

Milon choisira le menu El Hussein Kabab et moi, le menu El Hussein Liver… Le Kabab est supposé être composé de Kefta, de poulet et de Kebab, tandis que le mien est supposé être composé de côtelettes de veau et de foie d’agneau, c’est tout du moins ce qui est écrit sur la carte. De là, tout s’enchaîne !  Arrive dans un premier temps un potage du jour au cumin, si ma mémoire ne me fait pas défaut, accompagné de pain sans levain, ce sera suivi d’une sorte de mezze où nous aurons, je crois, du Baba Ganousch, des légumes crus, des navets macérés, et une quatrième assiette en mode “twilight zone”.

Le garçon arrive ensuite avec nos deux plats principaux.  Le mien comporte effectivement du foie mais il est carbonisé, en revanche pas de côtelettes de veau, et celui de Milton, allez savoir pourquoi, repart ipso facto en cuisine sans explication aucune.  Les aiguilles tournent, l’attente est interminable. OSS 116 ¾ et Milton en profitent pour réviser quelques phrases en langue locale, qu’ils écorchent avec une grâce déconcertante sous l’œil médusé des autres clients. « Shoukran, ya habibi ! » lance Milton à un serveur qui renverse presque son thé à la menthe de surprise.

Notre garçon reviendra 15 minutes plus tard mais sans les keftas, sans le poulet et sans les kebabs, ils ont été remplacés par du mouton… « Mais ? » m’écriais-je !  « Y’a pas de mêêêh » me répondit Milton, « Laisse tomber… Mektoub ! C’est la destinée mon frère ! »

Que dire sinon que le mouton de Milton est… correct. Rien d’explosif (et c’est tant mieux, dans le cas d’un espion). Le foie, en revanche, semble avoir été « barbecué » dans une autre dimension temporelle : la viande rappelle un vestige archéologique défiant toute logique culinaire.  Les comparses se regardent… Le Gourmandiseur, stoïque, prend une bouchée. Son expression oscille entre une grimace et un sourire de façade. « Mmmh… Intéressant ! » dit-il, tandis que son regard trahit une détresse intérieure digne d’un agent sous couverture démasqué.

Nous aurons également droit à un potage couscous sans couscous et, cerise sur le gâteau, dans la théorie des fluides, à une grande bouteille d’eau plate, le reste étant proscrit en ville !  Un dessert suivra mais n’en parlons pas… « Damned !  Les services secrets nous le revaudront ! »  Nous demandons l’addition… alors là !  Ebahi l’un comme l’autre… €21 pour la table !  Que peut-on encore dire après cela ?!?

Verdict : Une expérience culinaire qui relève plus de l’opération spéciale que du simple déjeuner. Pour les amateurs de frissons (et d’estomacs solides), "El Hussein" est une adresse inoubliable… pour de nombreuses raisons. Le duo en sort indemne, mais une chose est sûre, avec un certain recul, pour ne pas dire un recul certain, prenons tout cela à la légère et à la rigolade. Ce fut une expérience, mais pour sûr, il en est terminé des escarmouches en tirailleurs ! Vous savez quoi ? Il ne manquait que Jean Dujardin et son Bambino, Bambino… (Smiley + Blink !)

Date de la visite : mercredi 05 février 2025 (Déjeuner)

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Louxor égypte

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