Ce soir je vous emmène dans un lieu fou, un lieu qu’on pourrait croire sorti du règne des Habsbourg et de l’Empire Austro-Hongrois d’alors, de l’époque de la guerre de 7 ans quand cette bonne Marie-Thérèse gouvernait d’une main de fer cette partie de l’Europe… mais pas du tout ! Je vous plonge au cœur d’un bâtiment vieux de 120 ans, qui abrite aujourd’hui l’hôtel New York Palace Budapest ainsi que le New York Café. Un peu d’histoire est nécessaire, nous parlerons ensuite des assiettes…
À ses débuts, le bâtiment a été utilisé comme succursale de la New York Life Insurance Company en Hongrie. Construit entre 1891 et 1895, l’immeuble possède un café néo-baroque au rez-de-chaussée qui ouvre ses portes le 23 octobre 1894. À partir de 1900, le Café New York devient l’un des hauts lieux de la littérature et de la poésie hongroises. Cependant, comme de nombreux monuments historiques de Budapest, ce palais a été gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Grâce à plusieurs investisseurs, le bâtiment a retrouvé sa splendeur d’antan dans le style renaissance italienne et a rouvert ses portes avec succès en 2006.
Samedi dernier, j’avais déjà fait une tentative mais il y avait une file de plus de 60 mètres de clients en attente, je me suis dit que ça devait être plus calme en semaine, ce qui est effectivement le cas. Je pousse la lourde porte de l’établissements.
« Bonjour Mademoiselle, auriez-vous une table pour me, myself and I ? » (que je dis dans mon meilleur English)
« Bien sûr Sir » me répondit-elle, « Soyez le bienvenu, je vais vous installer pas trop loin de l’orchestre tzigane, mais près du pianiste, qui agrémentera votre soirée… »
Bon, une fois à l’intérieur, on n’a plus d’yeux que pour le décors, allez voir les photos, vous m’en direz des nouvelles. Je trouvais que le « Train Bleu » à Paris était exceptionnelle, que dire du NY Café ? En fait, c’est presque « too much », c’est chargé à l’extrême, il y a tellement d’enluminures qu’on ne sait plus quoi regarder, et du coup, je pense qu’il faut l’aborder dans son ensemble.
Le classique « Hotcha Cornia » se termine à peine qu’enchaîne de suite mon pianiste qui pendant 45 minutes va massacrer quelques morceaux d’ABBA et de Queen, alors qu’il joue si bien « Les feuilles mortes ».
Une charmante dame s’occupe de moi, service impeccable mais très impersonnel, il faut bien dire qu’avec les centaines de couverts que l’on sert à la chaîne dès 8h00 du matin, ils ne sont pas là pour vous faire la causette. Bon, j’ai décidé de me faire plaisir, j’étudie la carte et bien qu’elle soit immense, finalement elle comporte beaucoup de desserts et de mignardises, de cafés, tout comme à la belle époque dans les cafés littéraires. Mais faites-moi confiance, je vais trouver…
Alors, nous commencerons par une terrine de foie gras accompagné d’un chutney d’abricot et d’un petit pain au cumin, cette entrée sera accompagnée d’un Tokay doux. Que dire sinon que le foie gras tient la route, il a du caractère sans pour autant être envahissant, une belle structure, de vraies morceaux de foie, du fondant, une réussite. Le chutney d’abricot me laisse perplexe, il n’est pas sucré (tant mieux) mais il n’apporte rien au plat, quant au pain bin, c’est du pain (Smiley !)
Poursuivons avec une « sorte » de burger… alors, remplacez le bun avec un bagel au sésame, le Cheddar par une rémoulade, le burger par un tartare de Mangalica à la française, donc coupé au couteau, et cuit basse température, dès lors ça ressemble à un burger mais ce n’est pas un burger. Ça n’en reste pas moins crapuleusement délicieux, même les frites sont à la hauteur, pas cuites dans du blanc de bœuf, je soupçonne une cuisson au four, à l’américaine, elles n’en restent pas moins très bonnes. Ce plat sera accompagné d’un verre de Pinot Noir hongrois qui m’a incité à l’abandonner tant il était âpre.
Je me dois de vous donner quelques explications… pour celles et ceux qui ne connaitraient pas, un bagel est un type de pain en forme d’anneau, originaire de la cuisine juive ashkénaze, qui est traditionnellement bouilli avant d’être cuit au four. Quant à la rémoulade, c’est une sauce condimentaire crémeuse et piquante originaire de la cuisine française, traditionnellement préparée à partir d’un mélange de mayonnaise, de moutarde, de câpres, de cornichons hachés, d’herbes aromatiques comme le persil ou l’estragon, d’ail, d’oignons, de jus de citron et d’épices… et le meilleur pour la fin, le Mangalica, race de porc originaire de Hongrie, connue pour sa particularité en termes de pelage. Il est parfois surnommé le « porc-à-laine » en raison de son épaisse couche de laine bouclée qui le distingue des autres races de porcs. Le Mangalica est réputé pour sa viande de haute qualité et son excellente saveur. Il est élevé principalement pour sa viande, mais aussi pour sa graisse, qui est particulièrement riche en acides gras insaturés. La viande du Mangalica est appréciée pour sa tendreté, son goût riche et sa texture juteuse.
Là-dessus, gagné par la fatigue, je m’en suis retourné vers mes appartements pour une douce nuit au cours de laquelle j’ai rêvé de cochonnailles, j’ai bien dit « cochonnailles », et pas « cochonçetés » (Smiley).