Ce soir, j’ai rendez-vous dans un établissement chinois que je ne connais pas, je sais où il se situe, je n’ai jamais osé passer la porte, j’ai bien fait, maintenant je sais pourquoi…
Le cadre est chinois kitsch teinté d’un semblant d’art-déco, ce n’est pas sans charme, c’est juste tout ce que je n’aime pas dans les restaurants asiatiques, mais ici règne une certaine harmonie.
Par contre, l’établissement est vide de chez vide… nous sommes les seuls clients, ce qui n’est jamais bon signe un jeudi.
On nous installe dans un étroit box fermé sur trois côtés, où une fois la table et les chaises installées, il reste très peu de place pour les corpulences de nos latitudes. Bon, je rentre un peu le ventre, ça va passer (Smiley) ! Voilà, je respire et je me dis que manger à quatre ici, ce n’est pas possible.
On prend un verre avant de passer commande, un vin blanc pour moi, un coca pour mon hôte. Le coca-cola est amené en canette fermée avec un verre retourné dessus… Ma tête ! Je ne vous dis que ça ! Mon vin blanc est très banal, et très blanc, et très rien de plus.
La dame qui s’occupe de nous ne parle visiblement pas le français, elle se contente de nous délivrer quelques borborygmes au fur et à mesure des entrées et plats que nous commandons.
Pour mon hôte, un bol de soupe en entrée, à savoir une soupe de Poulet aux champignons, bambou et cheveux d’ange, et pour moi, un assortiment de Dim Sum… je sais que je prends un risque car les Dim Sûm de Madame Kong étant exceptionnels, je risque une grande déception. Elle est bel et bien au rendez-vous… cinq bouchées à la vapeur de l’industrie agro-alimentaire me sont servies, je les connais bien, on les trouve dans tous les Wah Nam (qui doit vouloir dire épicerie en chinois) du monde, ils sont tous semblables, insipides et maîtriser leur cuisson est impossible, il y en a toujours deux sur les cinq qui ne sont jamais bien cuits. J’ai droit à un Ha Kouw (scampis), un Sieuw Mai (porc), Cheng Fan Koh (porc et légumes), un Siu Long Pau (qui est une brioche à la Shanghai) et enfin à un Tja Fan Koh (pâté de porc et de crevette). C’est là qu’on est content d’avoir de la sauce Soja, afin de camoufler et les bouchées et leur goût.
En plat, on me recommande le canard… je m’attends à tout ! Canard de Pékin avec crêpes de riz et canard spécial du Roi, prétendument piquant ! J’avoue, je n’ai même pas goûté le canard de Pékin, rien qu’à la vue, c’était non ! Mon canard spécial du Roi, bin, euuuh… que dire ? Pauvre bête, toute une vie pour en arriver là et terminer comme ça ! Alors, bin c’est du canard grillé et croquant servi avec une sauce barbecue… et je vais m’arrêter là. Les nouilles sautées en accompagnement étaient servies sur une assiette, elles ont donc refroidis en quelques minutes, de toute manière, elles étaient à la hauteur du reste du repas.
La seule découverte sympathique fut le vin rouge… là aussi j’ai pris des risques en choisissant un vin rouge chinois, la carte annonce un bordeaux, mais il est plus en provenance du désert de Gobi que de la Gironde. Son nom est « La Grande Muraille », il titre à 13% et est assez plaisant à boire, de la mâche, il prend beaucoup de place en bouche, il ressemble un peu à ces Masso Antico italiens de la région des Pouilles, sauf que la Grande Muraille est assez sucrée.
Je viens de parcourir des avis sur la toile, rien de récent bien entendu, des commentaires qui tirent vers l’excellence, je n’en reviens pas, on n’a pas dû manger dans le même établissement… ou alors ce fut un jour sans, un jour à pas-de-chance. Bon, sur ce, gastronomes, épicuriens et hédonistes, un bon conseil, abstenez-vous !
Ce qui est sûr, c’est que pour notre prochaine rencontre, je choisirai le restaurant… (Smiley !)